Daphné et Paul prennent tous les deux le train et se retrouvent assis à côté l’un de l’autre. Lui comme elle n’a aucune envie d’être ici ni d’aller là où il doit aller. Paul va retrouver sa famille et se confronter une fois de plus aux questions fâcheuses de l’assemblée familiale. Daphné vient de se séparer et part retrouver son meilleur ami, contrainte et forcée à essayer de retrouver un peu de gaité. Alors, pour s’occuper, pour passer le temps, ils se mettent à inventer, chacun dans leur tête, qui pourrait être l’autre ; ils rêvent des dialogues imaginaires et tissent au fil du voyage un lien invisible. Voguant des pensées de l’une à celles de l’autre, l’on finit par ne plus trop savoir dans l’esprit de qui l’on se trouve, et si finalement ces deux personnages ne finiraient pas par se trouver et s’aider.
Note d’intention - Mathilde Pianfetti :
Le pont entre le réel et l’imaginaire m’a toujours fascinée. « La seule vie qui soit passionnante est la vie imaginaire » écrit Virginia Woolf dans son journal. C’est un peu le point de départ de l’histoire que j’ai voulu raconter : comment deux personnes, sans presque jamais s’adresser la parole « pour de vrai », finissent par créer un échange à travers leurs deux imaginaires respectifs, et comment cet échange parvient à les transformer, à les rendre autres que ce qu’ils étaient au début de la pièce. Je tenais à créer une transformation positive, une rencontre déterminante entre deux solitudes vivant une période difficile.
Il était évident pour moi que l’histoire devait avoir lieu dans un train, dans un espace de traversée, de hasard, dans un espace enfin que je connais particulièrement, où l’on ne sait jamais si tout va se passer comme prévu, à côté de qui on va se retrouver, si on va arriver à l’heure...
Autre axe important : la musique. Je voulais intégrer de la comédie musicale dans cette histoire, et pouvoir varier entre moments intimistes de confession et moments « spectacles », hors de toute forme de réalisme. La musique, la comédie musicale particulièrement, avec des personnages qui se mettent tout à coup à échanger en chantant, à danser comme si c’était leur manière naturelle de déplacement, voilà l’élément qui me paraissait primordial pour cette pièce alternant sans cesse entre réel et imaginaire.Enfin, je souhaitais aborder des thèmes chers à mon cœur et universels à travers le voyage de mes deux personnages : les sentiments amoureux et amicaux et les choix de vie en terme de métier, de situation. Je voulais que l’on voie des personnages en proie au doute, au questionnement, et ayant besoin d’aide, comme cela peut arriver à chacun à plusieurs période de sa vie.
J’ai imaginé une scénographie minimaliste pour suggérer l’espace du train et lui permettre par moments de devenir un autre espace : deux chaises, des valises, quelques accessoires, deux comédiens et une voix à travers haut-parleurs. L’essentiel du travail était donc de rendre la mise en scène dynamique, de mettre en valeur les changements de personnages et de lieu, notamment quand les personnages s’imaginent ou se remémorent des situations en d’autres lieux et avec d’autres personnes. Il suffit en vérité de quelques accessoires et d’un jeu clair et précis pour que l’illusion fonctionne.